Annie Vidal
Territoires : et si pour une fois on pensait aux habitants... (Tribune cosignée par Annie Vidal)
Dernière mise à jour : 21 mars 2019
Lors de son dernier discours, en février 1969 à Quimper, le Général de Gaulle appelait de ses voeux une montée en puissance des régions. Le référendum qui s’ensuivit précipita son départ et ne fit que reporter cette « espérance nouvelle » de décentralisation. L’intuition du Général – répondre à une crise sociale – Mai 68 – par un nouvel équilibre territorial qui est plus que jamais d’actualité. Si le slogan « sous les pavés, la plage » a en quelque sorte fait place à « sur les ronds-points, la rage » : la question de la décentralisation comme réponse politique reste entière.
Ce désir de proximité est récurrent dans les doléances rédigées par nos concitoyens depuis plusieurs semaines. Les dernières réformes territoriales les ont pourtant déboussolés, le mille-feuille territorial s’est empilé et les services publics se sont éloignés des habitants. Cette situation a nourri une colère légitime alimentée par l’éloignement des lieux de décision.
Le vivre ensemble d’un territoire appartient à ses habitants et ne peut être l’apanage des bien-penseurs qui n’y vivent pas. La France est certes une et indivisible mais chaque territoire a une histoire différente.
Le grand débat national nous alerte : Jacques, 50 ans, appelle à « se souvenir que les
territoires ruraux nourrissent les zones urbaines et qu'ils ont donc besoin de vivre avec les mêmes services que la métropole ». Sylviane, 37 ans, dit qu’« il faut garantir, maintenir et développer les services de proximité dans les zones rurales et demande le très haut débit pour pouvoir travailler à distance et ne plus aller à la Métropole ».
Les habitants semblent découragés, oubliés, et les élus résignés face aux dispositifs des lois NOTRE et MAPTAM. Nous leur devons de retrouver le principe de réalité.
La France, après avoir déménagé son territoire depuis 30 ans, doit renouer avec celui-ci. Décentraliser n’évite pas la fracture territoriale, nous le savons désormais. Ce qui signifie qu’une troisième vague de décentralisation doit être accompagnée par une nécessaire déconcentration afin d’abaisser au plus bas le centre de gravité de l’action publique. L’action publique n’est pas une affaire d’institution mais doit être au service des habitants.
Il ne peut pas y avoir de solution unique pour tous nos territoires. Le Berry n’est pas la Drôme qui n’est pas Paris, et habiter Châteauroux n’est pas la même chose que de vivre dans une commune rurale ou périurbaine. C’est pourquoi la différenciation territoriale – c’est-à-dire la possibilité d’adapter l’action publique au plus près des habitants doit être une ardente obligation. Il faut siffler la fin de la partie de ping pong entre différents niveaux de collectivités et réfléchir à ce qui permet d’être le plus efficace au plus près du destinataire des politiques publiques.
Les élus des communes et des départements doivent être au coeur de la nouvelle politique territoriale. Les nouvelles vagues de décentralisation et de déconcentration doivent avoir pour objectif de lutter contre la fracture territoriale qui découpe la France. Notre pays est malade de son organisation en silo qui isole dans des tuyaux d’orgue les politiques publiques.
Le citoyen doit comprendre qui est responsable de l’organisation de son quotidien.
La politique conduite par le Ministre chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, devra prendre en compte ce besoin. Sa majorité sera vigilante et à ses côtés : La France ne peut être la France sans la grandeur de ses territoires !
37 Députés La République en Marche