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  • Photo du rédacteurAnnie Vidal

1er axe du rapport Libault : un nouveau regard sur le grand âge


Un nouveau regard sur le grand âge


Si la prise en charge du risque de la dépendance est une réforme financière, l’accompagnement du Grand âge et de la perte d’autonomie est une réforme sociétale. C’est pourquoi les propositions de la concertation reposent sur un socle commun sans lequel aucune de ces propositions ne feraient sens. Il nous faut changer le regard que nous portons sur nos aînés. En complément de l’analyse strictement sanitaire et médico-sociale et de la nécessaire d’une prise en charge en adéquation avec les besoins, il s’agit d’inclure positivement les personnes âgées ainsi que leurs accompagnants proches aidants, dans la vie de la cité et dans les politiques publiques.


Penser l’action publique au service de la personne âgée, c’est donner du sens au grand âge, aider les proches aidants et lutter contre l’isolement de la personne âgée et son proche aidant.


Donner du sens au grand âge c’est redonner à la personne âgée sa pleine citoyenneté, lui garantir sa dignité et son libre choix.


Cela passe nécessairement par une sensibilisation de tous pour inclure la personne âgée dans la vie de la cité. Cette sensibilisation peut se jouer tant au niveau national, dans le cadre d’une campagne globale de sensibilisation aux problématiques du grand âge, qu’à l’échelle de publics spécifiques. Ainsi, cet apprentissage de l’autre et de la solidarité intergénérationnelle peut commencer dès l’école, pour familiariser très tôt au vieillissement. C’est aussi dans les lieux accueillant des personnes âgées que la sensibilisation doit être développée, à travers une culture de vigilance et de services attentionnées à leur égard.


La politique du grand âge ne doit pas être pensée à part. Au contraire, il faut renforcer l’intégration de la politique du grand âge et du cadre de la vie de la personne âgée dans les politiques publiques, qu’il s’agisse du transport, du logement, de l’aménagement et de la cohésion du territoire, ou encore de la culture et de la vie associative. Au niveau des collectivités locales, les schémas départementaux de l’autonomie devront apporter des réponses cohérentes, issues d’une coopération entre les territoires pour répondre à ce besoin d’amélioration du cadre de vie. De façon générale, les personnes âgées et leurs proches aidants doivent être mieux représentés dans les instances consultatives et de décision.


Pour que les personnes âgées puissent exercer un libre choix, notamment celui de rester à leur domicile, il est indispensable de leur propos des solutions innovantes de mobilité, d’adaptation du logement, et d’amélioration du quotidien. Pour cela il faudra solliciter plusieurs solutions pour mieux répondre à l’ensemble de ces besoins. L’autonomie d’une personne sera d’autant plus prolongée qu’elle maitrisera son espace de vie et pourra accéder aux services dont elle a besoin. Le « bilan d’autonomie » permettra par exemple d’évaluer globalement ses besoins et d’élaborer un projet de vie personnalisé en évaluant les obstacles au maintien à domicile par exemple. C’est aussi par une mobilisation des communes et des intercommunalités que des solutions de mobilité adaptées pourront être trouvées. De façon générale, les bonnes pratiques repérées au niveau local pourront et devront être diffusées et valorisées au niveau national. Les maisons de service au public devront quant à elle être toujours plus proche des publics les plus fragiles et l’information plus accessible et plus regroupée.


Affirmer pleinement la dignité de la personne âgée en tous lieux, c’est, entre autres, lutter contre la maltraitance et la prévenir. Quel que soit le lieu de vie, la maltraitance doit être identifiée, qualifiée et déclarée pour être prise en compte à travers un accompagnement renforcé. Il s’agit d’un enjeu majeur de construction d’une société bienveillante et bientraitante.


Aider les proches aidants c’est aussi constituer un nouveau modèle d’accompagnement et de soin intégré qui associe démarches citoyennes et démarches professionnelles pour et avec les personnes. Il s’agit d’un maillon important pour l’aide aux proches aidants et la lutte contre l’isolement.


Pour aider les proches aidants il faut leur simplifier la vie, faciliter leurs démarches et rendre leurs droits plus effectifs. Il peut s’agir de démarches administratives ou liées à la coordination des professionnels de santé ou sociaux, qui pourraient être facilitées par la possibilité de trouver, en un lieu unique et accessible, une information intégrée et territorialisée avec des professionnels formés. A cela s’ajoute des formes innovantes de mise en réseau des proches aidants et des outils d’évaluation de leurs besoins qui doivent être largement diffusés sur l’ensemble du territoire. Les maisons des aînés et des aidants sont un bel exemple de mise en réseaux et de complémentarité des acteurs du secteur social et médico-social.


Aider les proches aidants, c’est aussi les accompagner financièrement, d’une part grâce à l’indemnisation du congé de proche aidant pour les aidants salariés, et d’autre part par la facilitation de l’accès aux solutions de répit.


Les aidants salariés doivent pouvoir mieux concilier leur rôle de proche aidant et leur vie professionnelle. Cette articulation peut nécessiter des aménagements de temps de travail, de mobilisation de congés, des interruptions d’activité, pour faire face à des situations de stress et d’épuisement et de solitude. Pour faciliter cette articulation, les entreprises et partenaires sociaux doivent être mobilisés, tout d’abord au niveau du dialogue social de branche professionnelle, mais aussi au niveau des services de santé qui devront mieux repérer les fragilités des salariés aidants.


C’est aussi par une innovation sur les territoires que la vie des proches aidants sera facilitée, il s’agira de proposer des actions de soutien et de formation aux proches aidants, financées par la conférence des financeurs, ou encore d’organiser le repérage systématique des fragilités des proches aidants à travers un bilan de santé. Enfin l’inscription « proche aidant » sur le Dossier Médical Partagé, facilitera grandement la prise en compte de l’aidant.


Enfin, la lutte contre l’isolement de la personne âgée devra mobiliser les bénévoles de tous les âges, pour être source de création de lien social autour de la personne âgée. Le contact et l’échange entre générations concourent à cet objectif de changer le regard sur la personne âgée. Le duo indissociable proche aidant-personne aidée sera complété par la présence de bénévoles de tout âge et d’accompagnement professionnel. Le service national universel, le service civique et le bénévolat de jeunes et retraités auprès des personnes âgées pourront être mobilisés pour assurer des missions de maintien et d’accompagnement à la vie sociale.


Il s’agit donc, à travers le changement de regard sur nos aînés, individuellement et collectivement de faire société autour de la personne âgée pour mieux l’inclure dans la vie de la cité.

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